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L'ancienne Abbaye de Basse Fontaine est un lieu chargé d'histoire...
De l’Abbaye fondée au XIIème siècle, il ne reste qu’une partie de cloître et d’anciens bâtiments agricoles.
 
Mais l’esprit du lieu est encore là et la vie ne demandait qu’à revenir. 
La clairière a été habitée sans discontinuer pendant plus de 800 ans.
 
Après quelques décennies de relatif abandon, Marine, Julien et leurs deux petits garçons ont maintenant repris  le flambeau en s'installant dans l'ancienne étable à l'automne 2021 suite à de gros travaux de rénovation. 



 

CHAPITRE I 
L'ORDRE DES PRÉMONTRÉS

Ordre religieux, suivant la règle de Saint Augustin, créé en 1120 par Norbert à Prémontré, non loin de Soissons et de Laon. Ce site se trouve à l’embranchement de 3 vallons et fut choisi en raison de sa proximité d’un nœud routier gallo-romain.
Norbert est né en 1080 à Xanten dans la vallée du Rhin. Issu d’une famille noble française par sa mère Hedwige et cousin de l’empereur germanique Henri IV par son père Héribert. Il devient archevêque de Magdebourg en 1126 et décède en 1126. Il est canonisé en 1582 et sa fête est légalisée le 6 juin.

Cet ordre a pour vocation de concilier la vie monastique avec celle de la paroisse classique. Il promouvait l’esprit collégial dans le clergé paroissial. Le pape Honorius III en codifie les règles en 1126.

Norbert fondera également une communauté féminine. Dispersé à la Révolution en 1789, la section monastique sera reconstituée en 1856 et le groupe des chanoinesses en 1871.

Les Prémontrés portent tunique, scapulaire et capuche de tissu blanc.

L’Ordre des Prémontrés compta jusqu’à près de 600 communautés dont celle de Basse Fontaine.

A Basse Fontaine, les Prémontrés consacraient leur temps, en dehors des moments liturgiques, à l’évangélisation des populations, l’accueil des pèlerins, l’administration des paroisses, l’étude des textes sacrés, la musique liturgique, le chant. L’élevage, la vigne, les travaux des champs font également parti de leur emploi du temps.

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CHAPITRE II
LA FONDATION DE L'ABBAYE

L’abbaye de Basse Fontaine, sous le vocable de Notre Dame, doit sa fondation à Gauthier II, comte de Brienne et seigneur de Ramerupt. Il invite en 1143 des moines de l’abbaye de Beaulieu (abbaye fondée en 1112 par les prêtres Osbert et Alard encouragés et secondés par le comte de Brienne) à venir s’établir dans un endroit calme et paisible de la forêt du Défaut au bord de la rivière Aube et proche d’une fontaine aux eaux claires.

1143 est la date de la charte de dotation délivrée par Gauthier II, comte de Brienne. (Lalore, cartulaires,III,1)

Le comte, qui chassait dans ces bois, invita les moines de Beaulieu « à prendre carton » en pleine forêt pour les avoir près de soi. 

Ces moines y vinrent et bâtirent un petit monastère.

Quant au comte, il y ajouta une petite chapelle dédiée à Sainte Catherine où il venait faire ses dévotions et assister à la messe avant d’effectuer ses parties de chasse.

 

Ce monastère faisait parti du diocèse de Troyes et fut confirmé par Hatton, évêque de Troyes en 1145 puis par le pape Eugène III en 1148.

Toutefois Alphonse Roserot dans son livre « Dictionnaire historique de la Champagne méridionale » écrit au sujet de la création de Basse Fontaine:

" …mais elle était déjà construite, au moins en partie" ainsi qu’il résulte des termes de cette charte.

Lalore estime que la véritable fondatrice fut la mère de Gauthier II, Agnès de Baudemont ainsi qu’il est dit dans un obituaire de Prémontré ou l’on a inscrit l’obit° d’Agnès de Baudement, comme fondatrice de Base Fontaine et de Moncetz; mais cette Agnès n’était pas la mère de Gauthier II: elle était la mère de sa femme.

Un obituaire de l’abbaye de Beaulieu attribue cette fondation à Alaidis, comtesse de Brienne, qui était la fille d’Agnès, dame de Baudemont (Longnon, obituaire, IV, 337). 

 

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L'accueil des pèlerins au Moyen Age:
 
Les abbayes, bien que situées en général dans des endroits isolés, ne sont jamais très éloignées des grands axes de communication ou des villes ayant une importance économique.
Contrairement aux idées reçues, l’on se déplaçait beaucoup au Moyen Age, les pèlerins, les marchands, les nobles, les armées…
Ces voyageurs faisaient étape le soir soit dans les abbayes soit dans les Hôtels Dieu dans les villes.
Clairvaux fut créé par Saint Bernard à la même époque que les foires de Bar sur Aube qui prenaient un essor commercial international en faisant parti du cycle des foires de Champagne.

Beaulieu, Basse Fontaine sont à proximité du grand axe créé par Agrippa (gendre de l’empereur romain Auguste) Lyon – Boulogne par Langres et Reims (des traces de cette voie sont visibles dans la plaine de Brienne).

Les gens du Moyen Age utilisaient beaucoup l’ancien réseau routier romain pour leur déplacement...

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CHAPITRE III
LES HEURES GLORIEUSES DE BASSE FONTAINE

Les successeurs de Gauthier II firent de nombreuses donations qui enrichiront l’abbaye.

En 1161, Erard II fit don de la grange de Nuisement puis de celle d’Onjon.

Le comte Gauthier IV confirma en 1227 les donations de ses prédécesseurs.

D’autres donateurs dont Geoffroy de la Roche, évêque de Langres, les sires de Chacenay ainsi que de nombreuses dîmes vont grossir les revenus de l’abbaye :

- Vitry le Croisé, Bligny, Spoy, Couvignon, Fravaux en 1168

- Neuville les Brienne, Saint Nabord, Mesnil la comtesse en 1185

- Montangon en 1202, Piney……

 

Dès 1148, cette abbaye touchait également un tiers des dimes de Précy Notre Dame puis la moitié dès 1197.

L’autre moitié appartenait à l’évêque de Troyes, qui lui en fit alors le don en même temps qu’il lui accordait la collation de la cure. Précy, un prieuré-cure, qui dépendait de Basse Fontaine dans le diocèse de Troyes.

Cette abbaye avait aussi de nombreuses granges et possédait aussi un droit d’usage aux bois du comte de Brienne sauf au bois d’Ajou depuis 1143.

Mais parmi tous les cadeaux dont bénéficiaient les moines, il en est un qu’ils considéraient comme le plus précieux : l’index de Saint Jean Baptiste.

C’est en 1428, que l’évêque de Troyes, Jean Léguisé, révèle que l’index de Saint Jean Baptiste est conservé dans l’église de Basse Fontaine. Un procès-verbal rédigé par l’évêque Raguier mentionnait que cette relique était véritable. Elle avait été offerte par le comte de Brienne, duc d’Athènes en 1306 ou peut être par son fils Gauthier VI ?.

Cet index attirait les foules de pèlerins notamment le 24 juin pour la fête de la Saint Jean. Il était placé dans une statue reliquaire de 38 centimètres en cuivre martelé d’or équipé d'un oculus en argent d’où les visiteurs pouvaient apercevoir la précieuse relique.

De plus, ces pèlerins affluaient à Basse Fontaine du fait que Pierre d‘Arcis, évêque de Troyes, et ses successeurs  accordait 40 jours d’indulgence aux pénitents qui venaient se recueillir à l’abbaye.

 

Les seigneurs de Brienne étaient également très attachés à Basse Fontaine, un des fils de Gauthier II y fut abbé, d’autre seigneurs y furent inhumés dont Jean de Brienne, bailli du comte de Champagne et garde des foires de Champagne et de Brie.

Basse Fontaine venait de vivre sa plus fastueuse période!

Au XVème siècle, lors de la guerre de 100 ans, le reliquaire fut remis en lieu sûr au château de Brienne. Pendant les 75 ans de ce conflit, les revenus de Basse Fontaine sont au plus bas, anéantis par les bandes anglo-bourguignonne.

En 1504, alors que le manque d’argent se fait « cruellement » sentir, les moines eurent l’idée de mettre à profit la relique de l’index en la portant par des « questains » d’église en église au travers de l’archevêché de Reims. La quête fut certainement fructueuse puisque l’activité de l’abbaye refleurit pendant plus de deux siècles (cette pratique est très courante au Moyen Age). 

Les lieux réguliers de l’abbaye sont restaurés, en grande partie en 1694 et un plan de l’abbaye daté de 1842 est aux Archives de l’Aube.

L’abbé fut sélectif jusqu’au commencement du XVIème siècle. En 1602, Jean de Chalon, abbé commanditaire obtint du pape Clément VIII le droit de porter la mitre et les ornements pontificaux.

Dès 1697, il n’y avait plus que 3 ou 4 religieux à Basse Fontaine.


Au XVIIIème siècle le nombre de religieux étaient devenus insignifiant, ils étaient 6 en 1709, de nouveau 4 en 1768 et le revenu à cette date était de 3 244 livres.


En 1564, les gains de l’abbé étaient de 110 200 livres, 2 000 en 1697 déduction faite des charges, 2 286 livres en 1729.

Le revenu de la mense conventuelle était de 12 à 1 300 livres en 1697, en 1729 de 1215 livres, déduction faite des charges.

CHAPITRE IV 
LES NUAGES S'AMONCELLENT SUR L'ABBAYE

CHAPITRE V 
LA FIN DE L'ABBAYE DE BASSE FONTAINE

Basse Fontaine fut sécularisée suite à l’édit de Louis XV en 1768 réformant les établissements religieux, ce dernier mit fin au statut de monastère de Basse Fontaine. L’Ordre des Prémontrés décida la fermeture de l’abbaye qui ne dénombrait plus que 3 moines : Pierre Jacques Vannier, prieur conventuel, Jean François Pujot et Nicolas Pierre Vatelet, régulier profès.


Tous les biens furent réunis à Beaulieu par un décret de suppression rendu par l’évêque Banal de Troyes. Une ultime cérémonie consecra l’abbaye, les corps des défunts furent inhumés en juin à Beaulieu. La relique fut transférée en l’église de Brienne la vieille le 8 juin 1773 ou un nouveau PV fait état de la translation du reliquaire contenant l’indes de Saint Jean Baptiste provenant de l’église de Basse Fontaine et remis par Monsieur Vannier, prieur de la dite église, en vertu de la commission ordonnée par l’évêque de Troyes.
En 1790, l’abbaye est vendue comme bien national.


En 1820, l’abbaye devint une métairie.

Les bâtiments comprenant les galeries et la chapelle sont rasés, excepté la galerie sud du cloitre qui sera restaurée en 1866 par le prince de Beauffemont, devenu propriétaire.

Une forêt de sapins qui bruit,
L'Aube en contrebas, qui charrie ses cailloux blancs.
Des peupliers faisant jouer leurs lumières,
Et, soudain, dans une clairière,
une galerie de pierres sculptées.
C'est un cloître demeuré là
depuis bientôt mille ans.
C'est Basse-Fontaine!

Colette Bennani, Brienne 2012

Pour en savoir plus sur l'histoire de l'Ancienne Abbaye de Basse Fontaine :
Voir: "Cahier Briennois n°6" édité par l'Association de Sauvegarde du Patrimoine de Brienne le Château" par Colette BENNANI

Remerciement:  Monsieur Gérard Schild, vice président de l'association "Amis du Parc de la forêt d'Orient"

 

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